Le peuple des abattoirs, Olivia Mokiejewski

Pour une fois, j’ai décidé de lire un livre dont le focus n’est pas immédiatement placé sur les animaux, mais qui s’intéresse aux humains qui participent directement à cette gigantesque tuerie. La gigantesque tuerie organisée qui permet aux omnivores de manger de plus en plus de steaks.

Végétarienne depuis l’enfance, Olivia Mokiejewski a eut le courage de travailler pour un temps dans un abattoir, au cœur de l’horreur, afin d’observer son fonctionnement et de recueillir la voix des ouvriers qui y travaillent.

Derrière la souffrance animale, on découvre beaucoup de souffrance humaine. Et, en définitive, on prend la mesure de cette immonde industrie de la mort, au service de la rentabilité.

Extraits

« L’abattoir est un monde à part. un monde dont le consommateur s’est totalement déconnecté. Suite aux vidéos de L214, il s’est rappelé qu’on tuait pour manger. Une évidence oubliée qui a eut l’effet d’un électrochoc. »

« Le malaise ne vient pas tant de la mise à mort. Dans le cas des cochons et des poulets, élevés de façon très intensive, je l’ai même toujours plutôt vu comme une libération, la fin d’une souffrance. L’abattage est simplement l’aboutissement d’un modèle où la naissance, la vie, la reproduction des animaux sont désormais traités majoritairement de façon technique et économique. Un processus où ces êtres vivants, privés de leur liberté et de leur comportement naturel, deviennent une matière première comme les autres. Leur regard est la dernière chose qui nous rappelle qu’ils ne sont pas les produits auxquels on essaye de les réduire. Le système intensif n’offre rien aux animaux en échange de leur vie, même plus le respect de leurs besoins naturels fondamentaux. Face à ces bêtes que l’on tue à la chaîne, j’ai eu honte. »

« Les vidéos de Limoges et des autres abattoirs ont choqués le grand public, de plus en plus sensible au bien-être animal. Ces images sont souvent les seules que voit le consommateur. Il peut donc imaginer que quand les choses se font dans les règles, la mort des animaux est plus douce. Que la viande soit bio, Label rouge ou conventionnelle, que l’abattage se fasse dans tel ou tel établissement, qu’il soit rituel ou non, la mise à mort d’une bête est un acte de maltraitance, et toutes souffrent. Des ouvriers tuent des animaux pour qu’on ait de la viande. Et il n’y a aucune manière romantique d’en parler ou de le faire. Se révolter contre les souffrances inutiles et la cruauté dans les abattoirs est indispensable. Mais les ouvriers sont parfois la mauvaise conscience de consommateurs hypocrites. »

« Personne ne tue vraiment, à séparer les tâches, on dilue totalement les responsabilités et les éventuels sentiments, fussent-ils confus et bridés, de culpabilité. » (Noëlie Vialles)

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